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Romans de romance dans un seul endroit

Chapitre 44<br/>


Il faillit en effet renverser son chevalet lorsqu’il arriva sur elle en agitant les mains et en criant de toutes ses forces : « Tous, cavaliers hardis et sûrs », mais, Dieu merci, il tourna bride et s’enfuit au galop pour s’en aller mourir glorieusement, supposa-t-elle, sur les hauteurs de Balaklava. Jamais elle n’avait vu quelqu’un d’aussi ridicule ni, en même temps, d’aussi alarmant. Mais tant qu’il se contentait d’agiter les bras et de crier comme à présent, elle ne risquait rien ; il ne s’arrêterait pas pour regarder son tableau. Et c’est là ce que Lily Briscoe n’aurait pas pu supporter. Tout en regardant la masse, la ligne, la couleur, Mrs. Ramsay assise à la fenêtre avec James, elle ne cessait de braquer une antenne autour d’elle dans la crainte que quelqu’un ne surgît et ne la fît brusquement s’apercevoir qu’on regardait son tableau. Or en ce moment où, tous ses sens avivés, elle regardait avec tant d’intensité que la couleur du mur et, au-delà, du jacmanna, se gravait dans ses yeux en traits de feu, elle se rendit compte que quelqu’un sortait de la maison et s’avançait vers elle ; mais elle devina, au bruit des pas, que ce devait être William Bankes ; aussi, bien que son pinceau en frémît, elle ne posa pas sur le gazon sa toile retournée, comme elle l’aurait fait dans le cas de Mr. Tansley, de Paul Rayley, de Minta Doyle ou, d’ailleurs, de n’importe qui, et la laissa à sa place. William Bankes se tenait à côté d’elle.

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