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Romans de romance dans un seul endroit

Chapitre 3Protection imposée


Camille Delacroix

Les premiers rayons du soleil peinaient à éclairer le parquet patiné de l’appartement de Camille, jetant des ombres longues et mouvantes sur les murs ornés de moulures blanches. Elle n’avait presque pas dormi, le moindre craquement dans la nuit ravivant l’écho glaçant de l’effraction. Assise à la table de la salle à manger, une tasse de thé refroidie devant elle, elle caressait nerveusement la lettre de son père, ses doigts suivant les courbes des mots écrits à la main. Chaque phrase semblait murmurer un avertissement qu’elle refusait encore de pleinement entendre. La peur, insidieuse, s’était infiltrée entre les murs de son appartement, comme si son refuge lui-même avait été compromis.

Un coup frappé à la porte la fit sursauter. Instinctivement, son regard se posa sur les diodes vertes de son système de sécurité, rassurantes mais insuffisantes pour apaiser son esprit en alerte.

« Camille ? C’est Victoria. »

La voix familière traversa la porte, mais la méfiance ne la quittait pas. Elle s’approcha lentement et ouvrit enfin, dévoilant Victoria, son sac en cuir serré contre elle, des cernes trahissant une nuit agitée.

« Tu n’as pas dormi, n’est-ce pas ? » lança Victoria, un mélange d’empathie et d’exaspération dans la voix.

Camille haussa les épaules. « Pas vraiment. Mais ce n’est pas nouveau. »

Victoria soupira profondément, posant une main sur son bras. Elle n’attendit pas pour parler :

« Camille, ce qui s’est passé hier n’est pas un hasard. Quelqu’un cherche à te faire peur, ou pire. Je ne peux pas rester les bras croisés. »

Camille détourna le regard, tentant de masquer les émotions qui l’habitaient. « Tu veux dire quoi par là ? »

Victoria posa son sac sur la table et en sortit un dossier. « Je veux dire qu’il est temps de faire quelque chose. Je ne peux pas te laisser affronter ça seule. »

Camille fronça les sourcils en voyant la photo sur le dessus du dossier : un homme à l’air imposant, mâchoire marquée par une cicatrice, regard dur.

« Alex Volkoff. Ancien mercenaire. Spécialisé dans la protection rapprochée », expliqua Victoria.

« Un mercenaire ? Tu plaisantes, j’espère. »

Victoria planta son regard dans celui de Camille, visiblement déterminée. « Écoute-moi. Je sais que tu n’aimes pas l’idée, mais tu dois mettre ta sécurité en priorité. Cet homme a été recommandé par des contacts fiables. »

Camille recula légèrement, croisant les bras. « Et si je ne veux pas d’un inconnu dans ma vie ? »

Victoria explosa, sa voix teintée d’inquiétude. « Camille, pour une fois, dépasse ta fierté. Ce type ne va pas t’espionner ou s’immiscer dans ta vie privée. Il va te protéger, point final. »

Camille sentit une pointe de culpabilité en voyant le désarroi de son amie. Elle inspira profondément, ses pensées s’entrechoquant. La peur de perdre le contrôle se heurta à cette évidence : elle ne pouvait pas tout affronter seule.

Elle hocha lentement la tête. « Très bien. Mais à la première occasion, il dégage si les choses ne vont pas. »

Victoria retint un soupir de soulagement. « Merci. Tu ne le regretteras pas. »

Quelques heures plus tard, une berline noire s’arrêta devant l’immeuble haussmannien de Camille. Alex Volkoff en sortit, son manteau sombre se soulevant légèrement sous le vent. Ses yeux scrutaient les environs avec une précision mécanique, prenant en compte chaque détail.

Camille l’attendait dans l’entrée de son appartement, son expression détachée masquant soigneusement son appréhension.

« Mademoiselle Delacroix », dit-il en inclinant légèrement la tête, sa voix grave et maîtrisée.

Elle répondit d’un hochement de tête bref, se décalant pour le laisser entrer. L’aura d’Alex remplissait l’espace. Il parcourut l’appartement d’un regard calculateur, s’arrêtant sur chaque élément, chaque fenêtre, chaque ombre.

« Vous vivez seule ? » demande-t-il brusquement.

« Oui », répondit Camille en croisant les bras, ses sourcils se fronçant légèrement.

Il hocha la tête et sortit un appareil qu’il passa près des murs et des cadres.

« Que faites-vous ? » demanda-t-elle, son irritation perçant.

« Vérification des micros ou des caméras cachées », répondit-il simplement.

Elle observa, fascinée malgré elle, la méthode rigoureuse avec laquelle il inspectait chaque pièce. Lorsqu’il se redressa enfin, il la regarda calmement.

« Votre système de sécurité est bon, mais insuffisant. Je vais installer des dispositifs supplémentaires. Par ailleurs, ne laissez personne entrer sans vérifier qui c’est, même si c’est quelqu’un de proche. »

« Charmant », marmonna-t-elle sarcastiquement, se sentant de plus en plus envahie.

Alex esquissa un sourire à peine perceptible. « Vous n’êtes pas obligée d’aimer ça. Mais ça pourrait vous sauver la vie. »

Le soir venu, alors qu’elle sortait pour un rendez-vous d’affaires, Alex l’accompagna malgré ses protestations.

« Ce n’est pas nécessaire », lança-t-elle en descendant les marches.

« Vous avez été suivie hier. Vous ne voulez pas tenter le diable. »

Elle céda à contrecœur, s’installant dans la voiture. Leur silence était chargé, Alex projetant une impassibilité qui ne faisait qu’attiser la méfiance de Camille.

Le rendez-vous se déroula dans un café discret, mais même là, Camille était incapable de se détendre. Elle observait les alentours, chaque client, chaque ombre projetée par les néons de la rue. La silhouette d’Alex, postée à quelques mètres, ajoutait à son malaise.

En sortant, une ruelle étroite menant au parking sembla soudain suffoquer Camille. Puis un homme surgit de l’obscurité, agrippant son bras.

Avant qu’elle ne puisse crier, Alex était là. En un mouvement fluide, il immobilisa l’agresseur, le plaquant contre le mur.

« Vous êtes sûr de vouloir continuer ? » murmura Alex d’un ton glacial.

L’homme bredouilla des excuses et s’enfuit, laissant Camille tremblante.

Alex se tourna vers elle. « Tout va bien ? »

Elle hocha la tête, reprenant son souffle. « Vous êtes habitué à ce genre de choses, je suppose. »

Il haussa les épaules. « C’est pour ça que je suis là. »

Le retour à l’appartement fut silencieux. Camille, malgré elle, sentait son opinion vaciller. L’homme qu’elle trouvait intrusif s’était montré indispensable.

Mais pouvait-elle lui faire confiance ?

Dans la pénombre de son salon, elle se rendit compte que la présence d’Alex dans sa vie ne marquait pas seulement un changement, mais un défi plus grand : accepter l’idée qu’elle ne pouvait plus tout contrôler seule.