Chapitre 4 — IV

Le Comité exécutif de Suisse se réunissait une fois l’an pour choisir, sur la liste des dignitaires, des hauts fonctionnaires de l’Empire, renommés pour leur cruauté et leur injustice, ceux qui devaient périr dans l’année. Ma mère avait appartenu à cette organisation qui, de mon temps, se composait d’une vingtaine de membres.

Le ministre de l’instruction Publique, en 1903, en Russie, était Valerian Alexandrovitch Courilof, universellement détesté. C’était un réactionnaire de l’école de Pobiedonostsef ; il avait une réputation de grande intelligence et de force brutale et glacée. Protégé par l’empereur Alexandre III et le prince Nelrode, il n’appartenait pas à la grande noblesse et, comme il arrive souvent, se montrait « plus royaliste que le roi », renchérissait encore sur la haine de la révolution et le mépris du peuple qui caractérisaient les classes dirigeantes du pays.