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Romans de romance dans un seul endroit

Chapitre 3Embuscade dans le Bosquet Ombragé


La forêt était imprégnée d’une tension palpable, pesant sur les sens d’Alessandra tel un poids invisible. Les éclats de clair de lune peinaient à transpercer la dense canopée au-dessus, dessinant sur le sol de la forêt des faisceaux argentés qui dansaient parmi des ombres frémissantes. Chaque bruit—une branche qui se brisait, le hululement distant d’une chouette, le froissement des feuilles sous leurs bottes—semblait amplifié, une menace possible, tapie aux confins de la perception. Alessandra marchait en tête de la patrouille, son corps tendu, prête à réagir, ses yeux verts perçants scrutant l’obscurité ambiante. Le faible bourdonnement de son pendentif en forme de croissant pulsait légèrement contre sa clavicule, subtil mais insistant, comme un second battement de cœur. C’était un phénomène récent, et cela l’inquiétait.

Derrière elle, Dane avançait avec la précision calculée d’un prédateur. Sa silhouette imposante bougeait avec une fluidité maîtrisée, chaque pas mesuré, ses yeux gris acier luisant faiblement dans la lumière tamisée. Bien que peu de mots aient été échangés depuis leur départ du repaire, ils ne pouvaient ignorer le lien palpable qui se formait entre eux—un fil électrique vibrant d’une tension inexprimée. Alessandra sentait son regard fixé dans son dos, scrutateur et pénétrant, comme s’il cherchait des failles là où il n’y en avait pas.

*Il te regarde encore,* murmura Leya dans son esprit, sa voix douce teinte d’un amusement légèrement moqueur. *Comme un loup hésitant entre faire confiance ou dévorer.*

*Tu n’aides pas,* répondit Alessandra intérieurement, bien que ses lèvres esquissèrent un léger sourire malgré elle. D’instinct, elle resserra sa prise sur le manche du Poignard des Lignes Ley attaché à sa cuisse. Le froid du métal l’ancrait dans le moment présent.

La voix grave de Dane brisa le silence, posée mais assez incisive pour fissurer le calme fragile de la nuit. « Tu es déjà venue ici ? »

« Une fois ou deux, » répondit Alessandra sans se retourner. Son ton était neutre, son attention fermement fixée sur leur environnement. « Ce n’est pas un endroit que j’apprécie particulièrement. Trop de mauvais souvenirs. »

L’air semblait s’épaissir à chaque pas, les arbres se refermant sur eux en un labyrinthe de racines tortueuses et de branches squelettiques entrelacées. Une faible odeur âcre de décomposition imprégnait l’air humide, se mêlant aux senteurs de mousse et de pins. Son pendentif pulsa de nouveau—pas de manière réconfortante, mais agitée, presque nerveuse. Les lèvres d’Alessandra se pincèrent en une fine ligne dure. Elle choisit d’ignorer cette sensation—ou du moins d’essayer.

« Tu ne t’es jamais demandé pourquoi les renégats sont attirés par cet endroit ? » demanda Dane, sa question teintée d’une curiosité implicite, bien que son expression restât impassible.

Alessandra ricana. « Peut-être qu’ils aiment l’ambiance. Hanté, maudit—qu’est-ce qu’il y a à ne pas adorer ? »

Dane resta silencieux, bien qu’elle perçût le léger tressaillement de sa mâchoire. C’était leur dynamique désormais, ce jeu d’allers-retours où leurs mots s’entrechoquaient comme des lames cherchant des ouvertures.

Alors qu’ils approchaient du Bosquet Ombragé, Alessandra leva une main pour ordonner silencieusement un arrêt. Le changement dans l’air fut immédiat. La température chuta brutalement, et l’immobilité oppressante s’intensifia, comme si le bosquet lui-même retenait son souffle. Les arbres tordus se resserraient si étroitement les uns contre les autres que même les maigres rayons de la lune avaient du mal à s’y infiltrer. Les ombres grésillaient aux limites de son champ de vision, et une vibration subtile mais familière picotait sa peau—un avertissement que ses instincts de louve reconnaissaient trop bien.

Alessandra s’accroupit, effleurant du bout des doigts le sol humide et froid. Une faible odeur de sang flottait dans l’air, à la fois âcre et métallique, se mêlant à la décomposition. Ses yeux verts rencontrèrent ceux de Dane. « Tu sens ça ? »

Il hocha la tête, son visage se durcissant. « Du sang. Ancien, mais pas trop. »

La voix de Leya résonna de nouveau dans son esprit, plus aiguë cette fois. *Il y a quelque chose qui ne va pas. Tu le ressens, n’est-ce pas ?*

Alessandra ne répondit pas, mais oui, elle le sentait. L’air n’était pas seulement lourd—il était chargé, vibrant d’une tension qui la maintenait sur le qui-vive. Du bout des doigts, elle frôla la poignée du Poignard des Lignes Ley à sa hanche, le croissant de lune gravé sur le pommeau froid et stable dans sa paume. La lame pulsa légèrement, comme pour répondre à son malaise croissant.

Leur avancée devint une danse silencieuse et coordonnée. Peu importe la méfiance mutuelle qui subsistait entre eux, elle s’effaçait face au danger imminent. Le pendentif d’Alessandra vibra de nouveau, plus intensément cette fois, et elle serra la mâchoire pour contenir l’angoisse croissante qu’il faisait naître en elle.

Ils ne tardèrent pas à trouver la source du sang. Une carcasse de cerf gisait sur le sol, ses côtes exposées et luisantes sous la faible lumière. Les entailles sur son corps étaient trop propres, trop précises. Alessandra sentit son estomac se nouer, bien qu’elle gardât un visage impassible.

« Renégats, » murmura Dane, sa voix aussi acérée qu’une lame glissant sur la pierre.

La main d’Alessandra se referma instinctivement sur son poignard. Elle ouvrit la bouche pour répondre—mais les ombres bougèrent.

L’attaque survint dans un flou de fourrure et de crocs. Un renégat fondit sur Alessandra avec la force d’un bélier, la projetant au sol. L’air fut chassé de ses poumons alors que des griffes lacéraient sa veste de cuir, mais sa lame était déjà dans sa main avant même qu’elle n’ait pleinement perçu l’impact. La dague capta un éclat de lumière tandis qu’elle la plantait dans le flanc du renégat. Celui-ci glapit, son élan faiblissant juste assez pour qu’elle se libère.

*Concentre-toi !* aboya Leya dans son esprit, autoritaire et immédiate. *Ils arrivent de tous les côtés.*

Un autre renégat chargea avant qu’elle ne soit complètement sur ses pieds. Ses mouvements étaient fluides, instinctifs—un pas de côté ici, une entaille là. Le sang éclaboussa ses bottes alors que le renégat s’effondrait, projeté par son élan dans les buissons. Mais il n’y avait pas de répit. Le bosquet était une cacophonie de grognements et de mouvements, des ombres surgissant et s’éclipsant aux limites de son regard.

Dane, à ses côtés, était une force implacable. Ses frappes étaient brutales et précises, chacune calculée, sa maîtrise évidente dans chaque mouvement. Alessandra distinguait parfois des éclats de sa silhouette dans le chaos—dents découvertes, muscles tendus comme des câbles d’acier—et, l’espace d’un instant fugace, elle se surprit à apprécier sa présence plus qu’elle ne l’aurait voulu.

Les renégats ne se contentaient pas d’attaquer—ils s’organisaient. Alessandra le voyait maintenant, dans la manière dont leurs mouvements les repoussaient, elle et Dane, plus profondément dans le bosquet. Son pendentif brûlait contre sa peau, sa lueur faible mais insistante traversant le cuir de sa veste. Une réalisation nauséabonde se forma dans son esprit.« Quelque chose ne va pas, » dit-elle en tailladant un autre renégat. « Ils ne se contentent pas de nous attaquer – ils nous entraînent quelque part. »

« Alors ne les laissons pas faire, » grogna Dane, ses yeux gris acier se fixant sur elle, alors qu’un autre renégat se précipitait sur lui.

Malgré toute leur détermination, les renégats avaient l’avantage. Leurs grognements résonnaient dans le bosquet tel un chœur de mort, leurs yeux jaunes étincelant d’une faim sauvage. La dague d’Alessandra scintilla une fois de plus, tranchant la gorge d’un autre assaillant, mais la victoire fut éphémère. Son pouls battait à tout rompre dans ses oreilles, résonnant en harmonie avec le faible bourdonnement de son pendentif.

Puis, aussi soudainement que cela avait commencé, l’attaque cessa.

Les renégats s’évanouirent dans les ombres, laissant derrière eux un silence anormal. Alessandra resta immobile, le souffle court, sa dague ruisselant de sang. En leur absence, le bosquet semblait prendre vie, l’air vibrait d’une énergie qui faisait battre son cœur encore plus vite. Bien que faiblement, son pendentif continuait de pulser, comme s’il cherchait à lui transmettre un message qu’elle était incapable de comprendre.

« Ils sont partis, » dit Dane d’une voix basse et prudente. Ses yeux gris acier exploraient le bosquet, chaque muscle tendu, prêt pour une nouvelle attaque.

« Pour l’instant, » murmura Alessandra, renforçant sa prise sur sa dague.

Dane s’avança, son regard s’arrêtant un instant sur le pendentif d’Alessandra. « Ce truc. Il a réagi à leur présence, non ? »

« Ce n’est rien, » répondit Alessandra rapidement, enfouissant le pendentif sous sa veste. Son ton était sec, presque tranchant, et l’expression de Dane s’assombrit, lourde de questions qu’il ne posa pas.

*Tu ne pourras pas cacher cela éternellement,* murmura Leya, sa voix plus faible qu’auparavant.

« Nous devons rentrer, » déclara Alessandra avec fermeté, ignorant à la fois Leya et le regard perçant de Dane. « Ce n’était pas qu’une simple attaque de renégats. Il y a quelque chose de beaucoup plus grand derrière tout ça. »

Dane hocha légèrement la tête, bien que ses yeux restèrent fixés sur elle un moment de plus. La tension entre eux était palpable, comme un fil tendu sur le point de se rompre.

Alors qu’ils quittaient le bosquet, les ombres semblaient murmurer autour d’eux, leurs secrets insaisissables, juste hors de portée. Alessandra ne pouvait se défaire de l’impression que la nuit n’en avait pas fini avec eux. Le faible bourdonnement de son pendentif résonnait dans son esprit, accompagné par le murmure inquiétant de Leya.

*Ce n’est pas terminé.*