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Romans de romance dans un seul endroit

Chapitre 3Entrée en Scène


Alternance entre Salomé Sharden et Lucas Valmont

Les tours de verre et d'acier se dressaient au cœur du district financier, froides et imposantes dans la lumière grise d'un ciel chargé. Salomé leva les yeux vers l'enseigne minimaliste de "Valmont Enterprises" qui surplombait l'entrée principale. Elle ajusta la veste de son tailleur anthracite, un modèle sobre mais parfaitement coupé, conçu pour passer inaperçue tout en projetant une image de professionnalisme irréprochable. Sous son bras, elle portait un porte-documents noir, un accessoire non seulement fonctionnel, mais aussi un prétexte parfait pour dissimuler quelques gadgets d'espionnage discrets.

Son regard s’attarda un instant sur les caméras dissimulées dans les angles du bâtiment. Elle nota la fluidité des mouvements des gardes près des portes vitrées, qui, par leur posture, semblaient entraînés à détecter toute anomalie. Salomé inspira profondément et raffermit son emprise sur son porte-documents avant de franchir les portes vitrées qui glissèrent silencieusement sur leur rail.

À l'intérieur, le contraste était saisissant : des lignes épurées, un sol en marbre brillant et des murs ornés d'art moderne accentuaient l'atmosphère clinique et sophistiquée de l'endroit. Tout, jusqu'aux murmures feutrés des réceptionnistes, semblait conçu pour intimider les visiteurs et rappeler l’autorité absolue de celui qui régnait ici.

Elle s'approcha du comptoir d'accueil. Le sourire professionnel mais distant de l'hôtesse l'accueillit.

« Bonjour, j'ai rendez-vous pour un entretien avec le département des opérations stratégiques », annonça Salomé, la voix posée mais ferme.

L’hôtesse, en tailleur beige parfait, leva des yeux inquisiteurs vers elle. « Votre nom, s'il vous plaît ? » demanda-t-elle en tapotant sur son clavier.

« Emma Laurent. »

Les secondes qui suivirent semblèrent s’étirer alors que Salomé observait discrètement la salle. Le reflet d’un garde dans le verre poli d’un tableau, les micros habilement dissimulés sous le comptoir d’accueil, le léger cliquetis d’un dispositif électronique derrière elle. Tout ici respirait la vigilance et le contrôle.

L’hôtesse, finalement satisfaite, hocha la tête et lui tendit une carte d’accès. « Vingt-sixième étage. Prenez l’ascenseur à votre gauche. »

Dans l’ascenseur, Salomé sentit une tension monter malgré son contrôle apparent. Le claquement doux de ses talons sur le sol en métal résonnait dans l’espace confiné. Elle révisa mentalement son faux CV, chaque détail précautionneusement élaboré pour passer la rigueur des vérifications. Pourtant, une part d’elle ne pouvait s’empêcher de ressentir le poids de l’incertitude. Camille, le piège tendu par Delonne, et cette cible qu’elle ne connaissait que par ses dossiers : Lucas Valmont.

Arrivée au vingt-sixième étage, l’ascenseur s'ouvrit sur un espace lumineux et spacieux où une secrétaire l’attendait. Les murs de verre dévoilaient une vue spectaculaire sur Paris, mais Salomé s’attacha à ne pas s'attarder.

La secrétaire lui indiqua une salle de conférence où trois membres du comité d’embauche l'attendaient : deux hommes et une femme, tous vêtus impeccablement. Salomé entra, ajustant son attitude pour projeter une assurance calculée. Elle leur adressa un sourire professionnel avant de serrer les mains tendues avec une fermeté étudiée.

Les premières questions fusèrent rapidement. Le plus jeune des hommes, un brun aux traits anguleux, semblait jouer le rôle du sceptique. « Votre expérience dans le conseil opérationnel est impressionnante, Mademoiselle Laurent. Pourtant, vos précédentes missions semblent assez... conventionnelles. Que vous fait penser que vous êtes prête à opérer dans un environnement comme le nôtre ? »

Salomé inclina légèrement la tête, un sourire presque imperceptible sur les lèvres. « J’ai souvent été sous-estimée en début de mission. Je trouve que cela tend à jouer en ma faveur. »

Cette réponse suscita un léger froncement de sourcils chez l’homme, tandis que la femme, élégante et analytique, la notait rapidement sur son carnet.

L’entretien devint plus technique à mesure que les candidats la testaient sur des scénarios hypothétiques et des approches stratégiques. Salomé répondit avec calme et précision, tout en observant les dynamiques de pouvoir entre les trois : l’analytique, le sceptique, et enfin, l’homme plus âgé, une figure d’autorité subtile mais indéniable, qui jaugeait Salomé d’un regard pesant.

« Supposons que vous soyez en charge d’une opération nécessitant une discrétion absolue », demanda-t-il finalement. « Quelle serait votre méthode pour éliminer tout risque d’échec ? »

Salomé sentit une tension traverser la pièce. Elle fit mine de réfléchir brièvement avant de répondre. « Je m'assurerais de comprendre en profondeur les variables et les inconnues. Mais je sais qu’aucun plan parfait ne survit au contact de la réalité. Je crois en une mise en œuvre agile, soutenue par une anticipation rigoureuse. »

Un silence tomba. Elle sentait leurs regards se croiser et savait qu’elle avait gagné une partie de leur respect, si ce n’était leur approbation. Mais avant que l’homme plus âgé ne puisse continuer, un bruit discret détourna leur attention.

La porte s'ouvrit brusquement.

Lucas Valmont entra, et l’atmosphère changea instantanément.

Grand, impeccablement vêtu d’un costume noir aux lignes parfaites, il émanait une autorité naturelle et presque suffocante. Ses cheveux noirs légèrement ébouriffés semblaient témoigner d’une journée intense, mais cela n’atténuait en rien son charisme. Ses yeux bleu clair balayèrent la pièce, capturant l’attention de chacun avant de s’arrêter sur Salomé.

« Je vois que je suis arrivé juste à temps », dit-il d’une voix calme, mais tranchante.

Les membres du comité se levèrent immédiatement, troublés. « Monsieur Valmont, nous ne savions pas que vous étiez disponible », balbutia le sceptique.

Lucas ne leur répondit qu’avec un sourire glacé. « Je libère toujours mon emploi du temps pour les cas qui m’intéressent. »

Il se tourna vers Salomé. « Vous devez être Mademoiselle Laurent. »

« En effet », répondit-elle sans ciller, croisant son regard perçant.

Il fit signe aux trois membres du comité de quitter la pièce. Ils s'exécutèrent rapidement, leurs mouvements presque mécaniques. Une fois seuls, Lucas s’appuya négligemment contre le bord de la table, croisant les bras.

« Alors, dites-moi, pourquoi voulez-vous travailler pour moi ? »

Sa voix était douce, mais son ton portait une autorité indiscutable.

Salomé adoucit légèrement son expression, optant pour un mélange de sincérité apparente et de pragmatisme. « Parce que Valmont Enterprises est l’endroit où se prennent les décisions qui comptent. Et je veux être à cet endroit. »

Il haussa légèrement un sourcil, une ombre d’amusement dans son regard. « Une réponse bien calculée. »

Elle inclina légèrement la tête, laissant un silence s’installer. Lucas semblait la jauger, cherchant peut-être une faille dans son masque.

« Si vous saviez combien de fois j’ai entendu ça », dit-il finalement, un sourire en coin.

« Et pourtant, je suis toujours ici », répliqua-t-elle calmement.

Un rire bref, presque imperceptible, s’échappa de ses lèvres. « Intéressant. Vous commencerez demain. Bienvenue chez Valmont Enterprises. »

Il se redressa, mais avant de quitter la pièce, il se tourna légèrement. « Une dernière chose, Mademoiselle Laurent : chez moi, il n’y a pas de seconde chance. Faites en sorte de ne jamais me décevoir. »

Ses mots résonnèrent comme une menace voilée, mais Salomé y perçut également une étrange curiosité.

Lorsqu’il quitta la salle, elle resta assise un instant, reprenant mentalement leur échange et cherchant à décrypter les intentions de cet homme. Lucas Valmont était tout ce qu’elle avait imaginé, et plus encore.

En traversant le hall d’entrée, elle sentit les regards se poser sur elle : curieux, méfiants, peut-être envieux. Elle les ignora, concentrée sur la manière dont elle pourrait utiliser cet avantage inattendu.

Dehors, la pluie commençait à tomber doucement, rendant l’air plus lourd. Salomé resserra sa veste en traversant la rue, une seule pensée en tête : elle avait pénétré dans l’antre de Valmont. Mais pour survivre, il faudrait jouer encore mieux que lui. Elle était prête.