Chapitre 4 — Les Ombres d’Ostmark

Erich Stahl

Sous un ciel plombé, lourd comme une lame prête à s’abattre, Erich Stahl se tenait au centre du Camp de la Meute d’Ostmark, ses bottes enfoncées dans une boue noire et gluante, imprégnée d’une odeur de viande pourrie et d’une corruption surnaturelle qui rongeait l’air. Autour de lui, le camp n’était plus qu’un charnier à ciel ouvert, les tentes déchirées claquant au vent maudit, leurs lambeaux dansant comme des spectres. Les feux, réduits à des braises mourantes, projetaient des ombres grotesques sur les visages des loups qui rôdaient, leurs yeux verts luminescents perçant la pénombre, un éclat inhumain qui trahissait l’emprise de l’Ombre de la Lune. Un hurlement déformé, guttural, déchira le silence, vibrant jusque dans les os d’Erich, mais son visage, dur et balafré, resta de marbre. Seule une lueur de méfiance traversa ses yeux gris acier alors qu’il fixait la bannière à la griffe ensanglantée, plantée au cœur du camp. Fissurée, elle irradiait une lueur verte malsaine, un symbole d’autorité vacillante, un défi à sa domination.