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Romans de romance dans un seul endroit

Chapitre 3Rencontre fortuite sur la plage


Adrian Cole

Le soleil de la fin d’après-midi baignait la plage d’une lumière dorée et liquide, transformant le sable volcanique noir en une surface scintillante. Adrian Cole ajusta la sangle de son sac d’équipement, ses bottes soulevant de petites volutes de sable à chacun de ses pas alors qu’il avançait avec détermination vers le site de nidification. Le rythme apaisant des vagues, constant et familier, l’ancrant dans l’instant tandis qu’il naviguait sur ce rivage fragile. Une brise légère portait les arômes des herbes sauvages—thym et origan—qui descendaient des falaises environnantes, se mêlant à l’odeur saline de la mer.

Il s’accroupit près d’un marqueur signalé, enlevant délicatement une fine couche de sable d’un monticule discret avec des gestes précis, fruits d’une habitude bien ancrée. La légère dépression indiquait l’endroit où une tortue mère avait récemment enterré ses œufs. Adrian inspecta le site avec soin, scrutant les moindres détails pour confirmer que les prédateurs ne l’avaient pas encore perturbé. Jusqu’à présent, tout semblait en sécurité.

Il sortit un petit traceur GPS de son sac, son boîtier usé et marqué par des années d’utilisation intensive. Il le fit tourner dans ses mains, le bracelet en cuir gravé d’un motif de vagues effleurant sa peau. Ce geste familier—son pouce passant sur les courbes gravées—apaisa quelque peu son esprit préoccupé. L’appareil, bien qu’éprouvé, restait robuste, un poids rassurant dans sa paume, même si sa fragilité lui rappelait la précarité de l’existence des tortues qu’il cherchait à protéger. Il nota méticuleusement la position exacte du nid dans un carnet posé sur son genou, chaque mot et chiffre soigneusement consigné.

Un bruit, faible mais distinct, brisa la cadence des vagues : des pas. Adrian se tendit et releva la tête. Au départ, il ne remarqua rien d’autre que l’immensité de la plage et l’éclat de l’océan au loin. Puis, un mouvement attira son regard—une silhouette près du bord de l’eau. Ses cheveux auburn scintillaient sous le soleil tandis qu’elle avançait lentement, penchée sur un carnet de croquis, indifférente à son environnement.

La main d’Adrian se crispa sur son carnet. Ce coin de plage n’était pas un secret absolu, mais il devait rester préservé—un sanctuaire fragile. Il se redressa, ses épaules contractées, observant la femme s’accroupir. Son ombre tombait dangereusement près d’un autre nid marqué. Ses gestes nonchalants contrastaient vivement avec ses pas déterminés, et cela l’irrita profondément.

« Excusez-moi ! » Sa voix fendit l’air brusquement, plus sèche qu’il ne l’aurait souhaité, mais il n’y avait pas de place pour l’indulgence.

La femme sursauta, redressant la tête d’un coup sec. Leurs regards se croisèrent—ses yeux noisette, parsemés de nuances d’ambre et de vert, captèrent les siens. Pendant un bref instant, Adrian pensa à la mer, à la façon dont la lumière joue sur sa surface, révélant des profondeurs insoupçonnées. Secouant cette pensée, il s’avança vers elle, la mâchoire crispée.

« Cette zone est restreinte pour une raison, » dit-il, désignant le marqueur près de ses pieds. « Vous êtes trop près des nids. Vous n’avez pas vu les panneaux ? »

Ses joues prirent une teinte cramoisie tandis qu’elle reculait maladroitement, manquant de peu de trébucher. « Je suis désolée—je n’avais pas vu— » balbutia-t-elle, ses mots se chevauchant alors que son visage exprimait un mélange de confusion et de honte.

Dans son mouvement précipité, son carnet de croquis lui échappa des mains, atterrissant face contre terre, dans le sable. Elle se baissa rapidement pour le récupérer, mais pas avant qu’Adrian n’aperçoive des éclats de turquoise et d’ambre sur la page exposée—une représentation vibrante et abstraite de l’horizon. Les couleurs semblaient pulser d’une énergie presque vivante, éveillant en lui une émotion indéfinissable, enfouie sous son irritation. Il fronça les sourcils, bien que sa curiosité fût désormais piquée.

« Je ne voulais pas déranger quoi que ce soit, » dit-elle en époussetant avec soin les bords de son carnet. Sa voix, douce et hésitante, portait une sincérité brute qui fit brièvement vaciller Adrian. Elle serra le carnet contre sa poitrine, comme pour le protéger d’un examen plus poussé.

« Ces sites de nidification sont très délicats, » répondit Adrian, s’efforçant de calmer son ton. « Même les plus petites perturbations peuvent nuire aux œufs. » Sa phrase fut interrompue par un bruit sec et soudain—une fissure qui lui glaça l’estomac.

Son regard se porta immédiatement sur la source du bruit. L’un de ses traceurs gisait dans le sable, son boîtier visiblement fendu là où la femme l’avait accidentellement heurté. Un faible grésillement émanait du circuit endommagé alors qu’Adrian s’accroupissait pour examiner les dégâts. Il inspira profondément, réprimant une vague de frustration.

« Oh non ! » s’exclama-t-elle en s’approchant, ses yeux écarquillés d’angoisse. « C’était… à vous ? Est-ce que j’ai… ? » bredouilla-t-elle, visiblement bouleversée.

Adrian ne répondit pas immédiatement, concentré sur l’appareil. Les dégâts, bien que réparables, coûteraient un temps précieux qu’il ne pouvait pas se permettre de perdre. Il manipula précautionneusement l’objet endommagé, le boîtier fissuré symbolisant la fragilité de tout ce à quoi il tenait.

« Je ne l’ai pas vu, » murmura-t-elle, ses mots tremblants. « Je suis tellement désolée… Est-ce que… est-ce que cela peut être réparé ? »

Adrian leva les yeux vers elle, remarquant la façon dont elle pressait le carnet contre elle, comme pour s’armer contre sa réponse. « Ce n’est pas seulement une question de réparation, » dit-il, sa voix plus dure qu’il ne l’aurait souhaité. Adoucissant légèrement son ton, bien que sa frustration fût palpable, il ajouta : « Ces traceurs servent à surveiller les déplacements des tortues. Ils sont cruciaux pour protéger les nids. En perdre un— »

« Je vais vous aider, » l’interrompit-elle, sa voix tremblante mais déterminée. « Je ne peux pas annuler ce que j’ai fait, mais je ferai tout ce qu’il faut pour réparer. S’il vous plaît. »

Sa sincérité était désarmante, presque troublante. Adrian hésita, pris au dépourvu par ses paroles et par l’intensité honnête de son regard. Il expira lentement, brossant le sable de ses mains avant de se relever.

« Très bien, » dit-il sèchement. « Suivez-moi. Les outils nécessaires sont au sanctuaire. »

Un soulagement visible traversa son visage tandis qu’elle acquiesçait rapidement. « Je m’appelle Sophie, » dit-elle, sa voix encore empreinte de nervosité.

« Adrian, » répondit-il brièvement, son esprit déjà concentré sur ce qu’il faudrait réparer. Ajustant la sangle de son sac, il se remit en marche, ses pas dirigés vers le sanctuaire visible au loin, sur la ligne d’horizon.Le silence entre eux s'étira alors qu'ils progressaient sur le sable rugueux, uniquement troublé par le fracas rythmique des vagues. Sophie marchait un pas derrière lui, son regard oscillant entre la mer et les balises plantées çà et là sur la plage. Après quelques instants, elle rompit le silence.

« Tu es vraiment passionné par tout ça, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle doucement. « Les tortues, je veux dire. »

Adrian ralentit légèrement, pris au dépourvu par la question. Il lui jeta un coup d'œil en biais, remarquant la façon dont elle caressait distraitement le coin de son carnet de croquis. « Ce n'est pas une question de passion, » dit-il après une pause. Sa voix était plus basse maintenant, empreinte d'un poids qu'elle ne parvenait pas à définir. « C'est une question de responsabilité. »

Sophie le dévisagea, son expression pensive. Ses yeux noisette semblaient chercher une vérité inexprimée sur son visage, mais Adrian n'ajouta rien. Il détourna plutôt son regard vers l'horizon, son esprit déjà accaparé par les dommages subis par le dispositif de suivi et par ce qu'il faudrait faire pour le réparer.

Alors qu'ils approchaient d'un virage sur la plage, les contours vaguement visibles du sanctuaire se dessinèrent au pied des falaises. Sophie ralentit légèrement, laissant transparaître à la fois sa curiosité et son hésitation. Adrian remarqua son geste du coin de l'œil, mais il ne fit aucun commentaire. Pour la première fois, il se demanda ce qu'elle percevait en le regardant—et combien de temps il lui faudrait pour saisir les teintes vives et libres qui composaient son univers.