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Romans de romance dans un seul endroit

Chapitre 1La Proposition de Fusion


Isabelle « Izzy » Laurent

Les lustres de la salle de bal de la Tour Laurent scintillaient comme des constellations capturées, leur lumière se réfractant au travers des verres en cristal et de l'argenterie polie. Isabelle « Izzy » Laurent se tenait près du bord de la pièce, imposante dans un costume noir parfaitement taillé qui accentuait ses traits anguleux et marqués. Ses cheveux bruns foncés, soigneusement tirés en une queue-de-cheval élégante, brillaient sous la lumière tamisée. Elle tenait une coupe de champagne, encore intacte, tandis que ses yeux gris perçants balayaient la salle avec la précision d'une stratège et l'instinct d'une prédatrice.

Le gala représentait la vitrine annuelle de son entreprise, un moment pour célébrer une nouvelle année de domination dans l'univers de la technologie. Des investisseurs se mêlaient aux dirigeants, leurs conversations tissant une symphonie d'ambitions dissimulées et de flatteries bien pesées. L'atmosphère vibrait d'un léger bourdonnement, un murmure des systèmes de sécurité de pointe intégrés dans les murs, rappel silencieux du pouvoir et de la vigilance nécessaires pour protéger son empire.

Izzy exhala doucement, ses doigts glissant sur la tige fraîche de son verre. Sous la façade brillante de l’événement, elle ressentait une petite pointe d’inquiétude—non pas une peur liée au présent, mais un malaise enraciné dans les échos du passé. Ces soirées portaient toujours le poids des attentes, l’ombre imposante de l’héritage qu’elle s’efforçait depuis des années d’étouffer sous l’éclat des Industries Laurent.

Claire Hastings, son assistante dévouée et indispensable, apparut à ses côtés, tenant une tablette en équilibre parfait dans ses mains. « Les membres du conseil d’administration sont très impressionnés par l’affluence », annonça Claire, sa voix basse mais assurée. « Victor Kane est ici aussi, malheureusement. Il traîne au bar, tel un requin flairant le sang. »

Un sourire sarcastique effleura les lèvres d’Izzy, bien que ses doigts se soient légèrement resserrés autour de sa coupe. « Bien sûr qu’il est là. Il ne manquerait jamais une chance de me rappeler qu’il existe. »

Claire hésita un instant, son regard marron chaleureux se posant sur les invités au centre de la pièce. « Il y a quelqu’un d’autre que vous devriez connaître. Lucien D’Artois. Un investisseur potentiel. Très influent. »

« Lucien D’Artois ? » répéta Izzy, sceptique. « Ce nom me dit quelque chose. Européen, n’est-ce pas ? Vieille fortune ? »

« Très vieille », confirma Claire, une légère inquiétude perçant dans sa voix. « Il est en train de faire des vagues dans le monde de l’investissement. Personne ne sait exactement comment il opère, mais ses résultats sont… irréprochables. »

Le regard d’Izzy suivit l’indication subtile de Claire et se posa sur un homme qui semblait commander la pièce avec une aisance impressionnante. Lucien D’Artois se tenait au centre de la foule, sa silhouette élancée enveloppée dans un costume trois-pièces si parfaitement ajusté qu’il semblait être une seconde peau. Ses cheveux sombres, légèrement ondulés, effleuraient ses épaules, et ses yeux bleus perçants scintillaient comme des saphirs sous les lustres. Il émanait de lui une immobilité fascinante, une gravité silencieuse qui attirait inévitablement l’attention et faisait converger les regards.

Comme s’il avait perçu l’intensité de son observation, il tourna la tête, et leurs yeux se croisèrent.

Pendant un court instant, Izzy eut l’impression que l’air changeait, que le bourdonnement de la salle s’effaçait en arrière-plan. Un frisson inattendu remonta le long de sa nuque, et sa poitrine se serra imperceptiblement. Son regard était étrangement intime, comme s’il voyait non seulement ce qu’elle projetait, mais aussi ce qu’elle dissimulait soigneusement. Elle se força à soutenir son regard, replaçant son masque de contrôle méticuleusement construit en place, telle une armure.

« Présentez-le-moi », ordonna-t-elle d’un ton sec, maîtrisé, ne laissant rien transparaître de l’inconfort qui étreignait son estomac.

Claire acquiesça et ouvrit la voie, ses talons résonnant doucement sur le marbre brillant du sol. Alors qu’ils approchaient, les lèvres de Lucien esquissèrent un sourire léger, presque imperceptible, un sourire qui, bien que poli, ne semblait pas atteindre ses yeux mais réussissait tout de même à troubler Izzy. Il y avait en lui une aura difficile à cerner, une énigme qui éveillait ses instincts.

« Monsieur D’Artois », déclara Claire avec une chaleur professionnelle tempérée par une légère hésitation. « Permettez-moi de vous présenter Isabelle Laurent, PDG des Industries Laurent. »

Lucien inclina légèrement la tête, chacun de ses mouvements empreint de contrôle et de fluidité. « Madame Laurent », dit-il d’une voix douce et profonde, teinte d’un accent subtilement français, mêlé à quelque chose de plus ancien. « C’est un honneur de rencontrer enfin la femme qui redéfinit l’innovation. »

Izzy lui tendit une main ferme, implacable, son regard fixé sur lui. « Monsieur D’Artois. Votre réputation vous précède. Certains éloges étaient même… flatteurs. »

Son sourire s’agrandit légèrement, une lueur malicieuse dans ses yeux. « Je choisirai de prendre cela comme un compliment. »

Claire s’éclipsa discrètement, son dernier regard vers Lucien trahissant une ombre d’incertitude. Izzy nota cette réaction dans un coin de son esprit tandis qu’ils se dirigeaient vers une table voisine où deux chaises vides les attendaient. Lucien désigna les sièges d’un geste élégant, ses mouvements empreints d’une maîtrise qui donnait l’impression que le temps lui-même se pliait à sa volonté.

« Puis-je ? » demanda-t-il.

Izzy hésita un instant avant de hocher la tête, sa curiosité prenant le pas sur sa méfiance. Ils s’assirent, et elle l’observa sans détour, notant la fine cicatrice le long de sa mâchoire, un détail surprenant qui contrariait son apparence autrement impeccable. « Vous êtes loin d’être discret », dit-elle. « Vous présenter à mon gala sans invitation. »

« Sans invitation, peut-être », répondit-il calmement. « Mais certainement pas sans importance. Je suis ici pour discuter d’une opportunité qui pourrait bénéficier à nous deux. »

Izzy leva un sourcil interrogateur. « Une fusion, je suppose ? Vous ne seriez pas le premier à tenter votre chance. »

Lucien s’appuya légèrement contre le dossier, faisant tourner son verre entre ses doigts. « Pas une simple fusion. Un partenariat d’envergure. Votre technologie, mes ressources. Ensemble, nous pourrions révolutionner l’industrie. »

« Et qu’y gagnez-vous ? » demanda-t-elle, sa voix tranchante.

Leurs regards se croisèrent à nouveau, et il répondit sans ciller : « Le privilège de collaborer avec un génie. »

Le souffle d’Izzy se suspendit, l’espace d’un instant. Ces mots, bien que soigneusement choisis, portaient une sincérité troublante. Elle refoula le flot de pensées qui se bousculaient, analysant mentalement les risques et les opportunités d’un tel accord. Une fusion de cette ampleur pourrait sceller l’héritage de son entreprise, mais cela nécessiterait de céder une part de contrôle—un sacrifice qu’elle n’était pas sûre d’être prête à faire.« D’Artois, » dit-elle, d’un ton mesuré.

« Peut-être pas, » répondit-il, un soupçon de malice dans la voix. « Mais l’honnêteté, peut-être. »

Elle inclina légèrement la tête, l’observant avec attention. « Pourquoi maintenant ? Pourquoi moi ? »

L’expression de Lucien changea, une ombre plus sombre traversant ses traits. « Parce que le monde change, Mademoiselle Laurent. Et ceux qui ne s’adaptent pas seront laissés pour compte. »

Les mots restèrent suspendus entre eux, empreints de significations qu’elle ne pouvait encore décrypter. Avant qu’elle ne puisse répondre, la voix de Victor Kane fendit l’air comme une lame.

« Eh bien, eh bien, » dit Victor, son sourire perpétuel solidement accroché à son visage alors qu’il approchait. « Isabelle Laurent et Lucien D’Artois. Voilà un duo de pouvoir, si jamais il en existait un. »

La mâchoire d’Izzy se serra. « Victor. Je ne pensais pas que tu étais encore ici. Je croyais que tu étais retourné ramper dans la salle de réunion d’où tu venais. »

Victor ricana, imperturbable. « Toujours un plaisir, Isabelle. Et vous, Monsieur D’Artois. J’ai entendu des murmures à votre sujet. Une figure plutôt insaisissable. »

Le sourire de Lucien ne vacilla pas, mais prit une teinte dangereuse. « Les murmures sont souvent bien plus divertissants que la vérité, vous ne trouvez pas ? »

Le regard de Victor passa de l’un à l’autre, ses yeux se plissant légèrement. « Tout à fait. Eh bien, je vais vous laisser à… quoi que cela puisse être. »

Alors que Victor s’éloignait, Izzy expira brusquement. « Je m’excuse pour lui. C’est comme un mauvais sou – il revient toujours. »

« Pas besoin de vous excuser, » répondit Lucien d’un ton léger mais avec un regard intense. « Bien que je doive avouer, je suis intrigué. Vous ne semblez pas être du genre à tolérer les imbéciles. »

« Je ne le suis pas, » dit-elle simplement. « Mais Victor a une manière de se rendre insupportable pour tout le monde. »

Lucien se pencha légèrement en avant, son regard ancré dans le sien. « Alors peut-être pourrions-nous régler quelques problèmes ensemble. »

Les mots restèrent suspendus dans l’air, à la fois un défi et une invitation. Izzy sentit un frisson lui parcourir l’échine, qu’elle ne pouvait entièrement attribuer au champagne glacé encore intact dans sa main.

« Je réfléchirai à votre proposition, » dit-elle finalement, d’un ton ferme. « Mais ne me prenez pas pour quelqu’un qui se laisse facilement influencer. »

« Je n’y songerais pas, » répondit Lucien, sa voix basse, presque un murmure. « Après tout, c’est votre force qui m’a amené ici. »

Alors qu’il se levait et s’éloignait, Izzy se retrouva à s’accrocher au bord de la table, son pouls s’accélérant. Pour la première fois depuis des années, elle avait l’impression d’être au bord de quelque chose qu’elle ne pouvait pas contrôler. Et elle ne savait pas si cela la terrifiait – ou l’exaltait.