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Romans de romance dans un seul endroit

Chapitre 1Arrivée au Royaume Enchanté


Emma Larivière

Le train ralentissait, et à travers la vitre, des tours familières s’élevaient sur l’horizon comme un rêve éveillé. Le château emblématique de Disneyland Paris semblait flotter dans une brume dorée, baigné par la lumière du matin. Emma resserra instinctivement la sangle de son sac en bandoulière, son cœur battant à un rythme irrégulier. Elle avait grandi à quelques heures d’ici, rêvant en secret de ce lieu magique. Mais aujourd’hui, le rêve semblait plus intimidant que jamais.

Elle baissa les yeux vers son carnet de croquis, qu’elle gardait précieusement contre elle. Ce carnet était son sanctuaire, un espace où elle pouvait traduire ses émotions en formes et en couleurs. Elle y avait esquissé tant de rêves autrefois... et tant de doutes récemment.

Le train s’arrêta doucement, et Emma descendit sur le quai, emportant avec elle ce mélange d’appréhension et d’excitation. Une voix vive et joyeuse l’interrompit presque immédiatement.

— Emma Larivière, je présume ? Clémence, pour vous servir !

Emma se retourna pour découvrir une jeune femme aux cheveux roux flamboyants, attachés en un chignon approximatif, avec des lunettes aux montures colorées et un sourire aussi éclatant que le soleil matinal. Clémence portait une robe ornée de motifs inspirés des contes de fées, qui semblaient danser lorsqu’elle bougeait.

— Vous devez être épuisée après votre voyage, mais croyez-moi, ça en vaut la peine. Bienvenue au Royaume Enchanté !

Avant qu’Emma ne puisse répondre, Clémence attrapa sa valise et l’entraîna dans une allée pavée qui menait au parc.

— Alors, prête à découvrir le cœur battant de la magie ? On va commencer par un petit tour d’horizon. Vous allez adorer !

Emma n’avait pas le temps de s’attarder sur ses pensées. Clémence parlait à une vitesse qui laissait peu de place au silence, mais ses anecdotes sur le parc étaient captivantes. Elle pointait du doigt les recoins secrets, racontait des histoires sur les cast members et citait des moments mémorables de l’histoire de Disneyland avec une passion débordante.

— Ici, murmura Clémence en s’arrêtant devant une boutique de confiseries, c’est là où les meilleurs esprits créatifs ont conçu les premiers designs de nos vitrines. Chaque petit détail raconte une histoire, tu sais ? Même les bonbons en sucre dans la vitrine. Tout est pensé pour évoquer un souvenir.

Emma hocha la tête, absorbant chaque mot. Mais une petite voix intérieure persistait : « Et si je ne suis pas à la hauteur ? » Elle regarda autour d’elle, essayant de voir au-delà du décor. Les pavés scintillaient légèrement sous le soleil, les enseignes peintes à la main semblaient enveloppées d’un mystère silencieux, et l’air était imprégné d’une odeur douce et réconfortante, mélange de caramel chaud et de rêves d’enfance.

Clémence tourna vivement sur elle-même.

— Allez, viens ! On va passer par une petite porte que personne ne remarque, mais qui contient une part secrète de la magie.

Avant qu’Emma ne puisse poser des questions, elle se retrouva guidée vers une allée discrète. Une porte en bois vieilli s’ouvrit sur une petite cour bordée de lierre et ombragée par un grand arbre.

— La Cour Cachée des Rêves, annonça Clémence avec un air théâtral. Peu de visiteurs trouvent cet endroit, mais c’est ici que j’aime venir quand j’ai besoin de réfléchir.

Emma inspira profondément. L’endroit était paisible, loin de l’agitation de l’entrée principale. Elle posa la main sur son carnet de croquis, sentant une envie soudaine de dessiner.

— C’est magnifique, murmura-t-elle, presque pour elle-même.

Clémence sourit, comme si elle avait entendu quelque chose qu’Emma ne disait pas.

— Je savais que tu apprécierais. Je vais te laisser ici un moment si tu veux te poser. Mais n’oublie pas, à midi, tu dois être à l’exposition. On va t’accompagner pour que tout se passe bien.

Emma acquiesça distraitement, déjà absorbée par les détails de la cour. Elle s’assit sur un banc, sortit son carnet et commença à griffonner. Elle esquissa l’arbre imposant, y ajoutant quelques nuances imaginaires : des lucioles dans les branches et un écureuil tenant une clé dorée. Mais tandis qu’elle traçait les contours, une pensée lourde s’infiltra.

Et si elle échouait ?

Elle posa son crayon, regardant son croquis inachevé. Le parc était un monde d’émerveillement, mais pouvait-elle vraiment capturer cette magie et la transformer en art ?

Une cloche au loin la ramena à la réalité. Elle rangea ses affaires et rejoignit Clémence devant la cour.

— Alors, prête pour l’exposition ? demanda Clémence, l’œil brillant.

Emma hésita, cherchant les mots.

— Je suppose que oui...

Clémence pencha légèrement la tête, visiblement soucieuse.

— Tu vas y arriver, tu sais ? Il faut juste te rappeler pourquoi tu es ici.

Elles marchèrent ensemble jusqu’à une grande salle d’exposition située dans l’un des bâtiments du parc. Les murs étaient tapissés d’illustrations et de peintures, chaque œuvre semblant vibrer d’émotion et de créativité. Emma sentit son cœur se serrer en voyant son propre espace, aménagé avec soin, mais à côté des œuvres plus audacieuses des autres artistes, ses dessins lui semblaient soudain fades.

Clémence lui tapota l’épaule avec encouragement.

— Ne te laisse pas impressionner. Tu es ici pour une raison, Emma. Crois-moi.

Mais Emma avait du mal à y croire. Alors qu’elle souriait poliment aux quelques visiteurs qui s’arrêtaient devant ses dessins, elle sentit les doutes revenir en force.

Un homme en costume, représentant des organisateurs, s’approcha. Il étudia ses œuvres en silence avant de murmurer à Clémence :

— Elle a du talent, mais c’est… trop classique pour le ton que nous cherchons cette année.

Emma entendit, bien sûr. Elle détourna les yeux, son visage brûlant.

— Tout va bien ? demanda Clémence doucement, après que l’homme soit parti.

Emma secoua la tête.

— Je… j’ai besoin d’air.

Sans attendre de réponse, elle sortit précipitamment de la salle, son sac fermement pressé contre elle. Les larmes menaçaient de couler, mais elle les retint jusqu’à atteindre un banc près du Carrousel Enchanté. Elle s’assit, son regard fixé sur les chevaux sculptés.

Le carrousel tournait lentement, ses lumières dorées dansant sur les flancs nacrés des montures. Une musique douce s’élevait dans l’air, si nostalgique qu’elle semblait presque vivante. Emma inspira profondément, essayant de calmer les battements frénétiques de son cœur.

Elle se sentait comme ce manège : prisonnière d’un cercle, incapable d’aller ailleurs.

Alors qu’elle perdait son regard dans la rotation hypnotique du carrousel, une voix enfantine la tira de ses pensées.

— Pourquoi tu pleures ?

Emma se retourna et vit un garçon blond, d’environ neuf ans, debout à quelques pas. Il portait un t-shirt à l’effigie de Mickey et un sac à dos rouge. Ses grands yeux bleus la fixaient avec une intensité presque surnaturelle.

— Je ne pleure pas, répondit Emma, essuyant rapidement ses joues.

— Ah, ok, répondit le garçon, mais il ne semblait pas convaincu. Alors, pourquoi t’es triste ?

Emma hésita.

— C’est… compliqué.

Le garçon hocha la tête comme s’il comprenait tout.

— Les choses compliquées sont souvent les plus magiques, tu sais ? Il faut juste trouver la bonne histoire dedans.

Emma le regarda, déconcertée.

— Tu es ici avec ta famille ?

— Avec ma tante, répondit-il avec un sourire énigmatique. Mais elle est occupée. Moi, j’explore.

Il fit une pause, regardant les chevaux du carrousel.

— Tu dessines, non ?

— Oui, murmura Emma, surprise. Comment tu le sais ?

— Ça se voit, répondit-il simplement avant de lui adresser un sourire malicieux. Tu devrais dessiner ce que tu ressens, pas ce que les autres veulent voir.

Avant qu’Emma ne puisse répondre, il tourna les talons et partit en courant.

Elle resta là, le regard fixant la place qu’il venait de quitter, ses mots résonnant dans son esprit.

Dessiner ce que je ressens.

Elle ouvrit son carnet de croquis une fois de plus, les traits de son crayon suivant maintenant une direction nouvelle.