Chapitre 4 — IV
L’abbé Pelfresne s’était laissé tomber plutôt qu’il ne s’était assis sur le retranchement gazonné de la Haga. L’abbé Guillemittes vint se poser devant lui, et, avec un sourire qui laissait paraître plus de franchise qu’il n’en avait jusque-là montré :
– Ma résolution vous étonne, dit-il, et je le comprends, car vous ne me connaissez pas. Monsieur le curé, je suis un homme d’action. En ce moment, je suis professeur de morale au séminaire de Malesmains et vous avez pleinement le droit de vous dire que, pour faire l’autopsie des maladies morales de l’humanité, devant des élèves, il n’est pas nécessaire d’être un homme d’action. Cela est juste. Aussi n’est-ce pas par goût que chaque jour je sonde les fanges de la conscience. À force de tremper mes mains dans le fumier, de le tourner, de le retourner, de l’étaler, de chercher des combinaisons et des subtilités de pourriture, le dégoût m’a empli le cœur et littéralement les nausées me montent sur les lèvres toutes les fois que je commence ma classe. Il y a déjà longtemps que j’en suis arrivé à cet état douloureux, très douloureux pour moi, je vous assure. Monseigneur Hyacinthe, au temps où il était notre vicaire général, en a été témoin ; il a entendu mes plaintes, et, avec la bonté qui est le fond de son caractère, il m’a promis de venir à mon secours lorsqu’il serait en position de le faire efficacement. J’ai eu à ce moment l’occasion de lui rendre quelques petits services en travaillant à son grand ouvrage. Nommé à l’évêché de Condé, il s’est souvenu de moi et il m’a proposé la cure d’Hannebault.
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