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Romans de romance dans un seul endroit

Chapitre 2La Villa Mancini


Anna Morel

La voiture de luxe glissa silencieusement à travers les collines baignées de lumière dorée. Anna, assise à l’arrière, fixa le paysage qui défilait par la vitre teintée. La vue de la mer étincelante à l’horizon aurait pu être apaisante dans d’autres circonstances, mais son esprit était tendu, chaque pensée s’entrecroisant dans un tumulte de calculs et de projections. Elle ajusta discrètement une mèche de ses cheveux, un geste presque nerveux qu’elle s’efforça de maîtriser.

Les souvenirs de ce que Marcello avait dit, de ce regard scrutateur qui semblait chercher à percer son masque, tournaient en boucle dans son esprit. La rencontre qui l’attendait n’était pas seulement une avancée dans sa mission : c’était une confrontation directe avec l’homme qui incarnait tout ce qu’elle cherchait à détruire. Et pourtant, une autre pensée persistait, sourde et intrusive : à quel point elle ne devait rien laisser au hasard.

Lorsque la voiture s’arrêta devant l’immense portail de la Villa Mancini, Anna inspira profondément, masquant son trouble sous une expression neutre. Le conducteur, courtois et silencieux, ouvrit sa portière. Elle sortit avec une élégance mesurée, son sac en cuir noir discret sur l’épaule. Ses yeux gris balayèrent les lieux, capturant chaque détail sans en donner l’apparence.

La villa dominait la mer, ses murs de pierre blanche irradiaient sous le soleil couchant. Les jardins, savamment entretenus, exhalaient des parfums de jasmin et de lavande. Le bruit lointain des vagues s’écrasait avec une régularité hypnotique, un contraste presque cruel avec la tension qui pesait sur l’endroit.

Deux hommes imposants, en costumes noirs, montaient la garde devant le portail. L’un d’eux, un colosse au crâne rasé, murmura quelques mots dans une oreillette avant de lui ouvrir le portail d’un geste lent et cérémonieux. « Mademoiselle Dubois, » dit-il en la saluant d’un hochement de tête.

Anna répondit par un sourire poli, un bref étirement des lèvres soigneusement dosé. Son cœur battait plus vite qu’elle ne l’aurait voulu, mais son visage restait impassible. Elle savait qu’elle était observée, évaluée. Chaque pas sur l’allée pavée, chaque mouvement de ses mains, chaque souffle qu’elle prenait étaient probablement captés par des caméras.

En arrivant devant l’entrée principale, un imposant portail en bois sombre orné de ferronneries italiennes, elle fut accueillie par un majordome à l’allure impeccable. « Bienvenue à la Villa Mancini, Mademoiselle Dubois. Monsieur Mancini vous attend dans le salon. Veuillez me suivre. »

Elle le suivit à travers de larges couloirs baignés d’une lumière dorée. Les murs étaient ornés de tableaux représentant des paysages méditerranéens, et chaque pièce qu’ils traversaient respirait un luxe écrasant, mais sans ostentation excessive. Le marbre poli des sols reflétait la lumière, et les plafonds hauts donnaient une impression d’espace vertigineux.

Ils arrivèrent dans un salon spacieux qui s’ouvrait sur une terrasse offrant une vue imprenable sur la mer. Rafael Mancini était là, dos à elle, ses mains croisées derrière lui. Ses cheveux noirs brillaient sous la lumière des derniers rayons du soleil, et son costume sur mesure épousait parfaitement sa silhouette athlétique.

« Camille Dubois, » dit-il, sans même se retourner. Sa voix était profonde, presque musicale, mais avec une note de contrôle qui rappelait à Anna qu’il était habitué à donner des ordres.

Elle s’avança de quelques pas, choisissant de ne pas répondre immédiatement. Elle savait qu’un silence bien placé pouvait être plus puissant que des mots.

Rafael se retourna enfin, et leurs regards se croisèrent pour la première fois. Ses yeux bleu profond semblaient presque scruter son âme. Anna sentit un frisson imperceptible traverser son échine, une réaction qu’elle réprima aussitôt. Elle inclina légèrement la tête, son expression neutre maîtrisée.

« Vous avez fait bonne impression sur Marcello, » continua-t-il en s’approchant lentement d’elle. « Ce n’est pas une mince affaire. »

« J’espère que je saurai également vous convaincre, » répondit-elle, son ton mesuré, calculé pour paraître à la fois respectueux et confiant.

Rafael esquissa un sourire qui ne parvint pas à adoucir l’intensité de son regard. « La confiance se gagne, mademoiselle Dubois, et dans mon monde, elle se teste à chaque instant. »

Il fit un geste vers un fauteuil en cuir près d’une table basse. « Asseyez-vous. Nous allons discuter. »

Anna s’installa avec précaution, le dos droit, ses mains posées sur ses genoux. Rafael prit place en face d’elle, croisant une jambe sur l’autre avec une aisance déconcertante.

« J’organise ce soir un dîner avec des partenaires d’affaires importants. Vous serez chargée de la coordination, » déclara-t-il, son ton glacial.

Elle haussa à peine un sourcil. « Je comprends. Y a-t-il des attentes spécifiques ? »

« Oui, » répondit-il, un éclat calculateur dans ses yeux. « La perfection. Rien de moins. Ces hommes ne tolèrent aucune erreur, et je m’attends à ce que vous compreniez cette exigence. »

Il se leva, signifiant que l’entretien était terminé. « Vous avez trois heures. »

Anna resta immobile un instant. Elle savait que ce « test » n’était pas seulement une évaluation de ses compétences organisationnelles. C’était une manière pour Rafael de voir comment elle réagirait sous pression.

Elle se leva finalement et appela le majordome, qui lui fournit des informations sur les ressources disponibles : traiteur en cuisine, sommelier à disposition, et un personnel de service déjà briefé. Mais au-delà des ressources, elle devait penser stratégie.

Au fil des préparatifs, un problème surgit : le traiteur avait mal interprété une consigne, et un plat principal prévu ne correspondait pas aux goûts régionaux. Anna sentit une vague de frustration la traverser, mais elle s’obligea à respirer profondément, calmant son esprit. Avec une précision froide, elle modifia les instructions du chef et réattribua les tâches.

Elle passa la prochaine heure à superviser chaque détail avec une minutie implacable. La salle à manger, baignée d’une lumière tamisée, était ajustée pour évoquer une ambiance à la fois chaleureuse et imposante. Chaque élément – des couverts en argent aux fleurs fraîches – fut choisi avec soin.

Lorsque les invités commencèrent à arriver, Anna resta en retrait, observant. Les hommes en costumes élégants et les femmes en robes scintillantes formaient un tableau parfait de pouvoir et d’opulence. Rafael fit son entrée, saluant ses invités avec une aisance naturelle. Mais lorsqu’il croisa le regard d’Anna, il lui adressa un signe imperceptible de la tête, une reconnaissance silencieuse de son rôle dans la soirée.

Le dîner se déroula sans accroc, malgré une tension sous-jacente. Rafael, charismatique et captivant, domina les conversations. Anna, bien que discrète, restait en alerte.

Lorsque le dernier invité quitta finalement la villa, Rafael s’approcha d’elle. Elle remarqua une lueur dans ses yeux, mais son expression demeurait indéchiffrable.

« Vous avez réussi, » déclara-t-il simplement.

Anna inclina la tête. « Merci. »

Rafael la fixa un instant, comme s’il cherchait à percer le mystère de cette femme. Puis il esquissa un sourire énigmatique.

« Bienvenue dans ma maison, Camille. À partir de maintenant, vous travaillez pour moi. »

Alors qu’il s’éloignait, Anna sentit une tension la quitter, mais une autre s’installer. Elle avait remporté cette bataille, mais la guerre était loin d’être terminée.